Zoom sur cinq évolutions de la consommation déterminantes pour adapter l’offre de la filière alimentaire à la demande.
Une population française vieillissante et sédentaire
Cette réalité n’est plus à prouver et induit forcément des modifications du régime alimentaire : les individus ont des besoins caloriques à la fois moindres et différents du fait de leur âge grandissant et de leur niveau d’activité plus bas. Adapter les grammages, développer de nouvelles recettes avec une plus grande variété mais aussi faire évoluer la production agricole, notamment l’élevage (avec l’introduction de races plus petites au coût matière par portion performant) s’avèrent être nécessaires.
La baisse de la taille des ménages et l’individualisation de l’alimentation
Du fait du vieillissement et d’une natalité en berne, la taille des ménages en France baisse : 71% d’entre eux sont constitués d’une à deux personnes. Pourtant, la culture alimentaire française est fondée sur la famille, avec des plats conviviaux à partager, qui ne correspondent plus à la réalité du pays ni à celle du monde. Des packagings inadaptés (les sachets de 2kg d’oranges, par exemple) introduisent aussi une problématique de gaspillage alimentaire. La réduction des lots et des grammages des produits industriels ainsi que l’adaptation des productions agricoles à ces données sont des solutions à envisager.
L’externalisation de la tâche ménagère de cuisiner
Directement lié à la hausse du taux d’emploi, le temps disponible pour les tâches ménagères, donc la cuisine, se restreint. Les consommateurs se tournent vers l’industrie ou la restauration et leurs plats préparés et souvent livrés. On observe alors une hausse de la part des services dans la valeur ajoutée qui presse le coût matière ainsi qu’une perte de repère quant à la valeur agricole et à l’origine. La filière doit préempter les outils de livraison et une industrie forte des plats préparés ou semi-finis tant pour le marché grand public que la restauration, en valorisant l’origine France.
Le produit n’est qu’un élément du service
Ce qui fait le consentement à payer, ce qui crée la valeur-client, se trouve aujourd’hui dans l’expérience, c’est-à-dire dans le moment de la consommation, qui intègre plus de critères que le produit seul : l’imaginaire de la marque, l’esthétique (Instagrammable ou non ?), le lieu de consommation… Ces éléments, mis en avant par nos voisins et compétiteurs comme l’Italie, sont encore trop souvent ignorés en France, mis-à-part dans le secteur du luxe ou chez certains artisans. Les cahiers des charges des SIQO sont trop centrés sur l’amont et notre passé. Il est temps de mettre l’accent sur les valeurs de la marque France en alimentaire, de créer et investir un imaginaire, de concevoir la production pour l’expérience client et non pour faire perdurer nos habitudes.
L’alimentation est sortie de table
Quand manger à table, en bonne compagnie, était une évidence, ça n’est désormais plus le cas et ce, partout dans le monde. Les pratiques alimentaires « on the go » se multiplient, qu’il s’agisse d’une commande fast food, de manger un sandwich en marchant, de grignoter un plateau apéritif debout ou accroupi devant un écran. Ces modes de consommation qui peu à peu deviennent la norme contrastent avec les productions françaises. Pour rester rentables et compétitifs, il est crucial de modifier l’offre de la filière pour l’adapter à ces nouvelles tendances : cela suppose à la fois de la R&D pour revoir les textures et de l’innovation afin que notre patrimoine culinaire accompagne ces formes nouvelles.